Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/211

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ont besoin comme nous d’une part de connaissance. À la façon dont on a voulu les instruire, bien loin de multiplier leurs rapports avec l’Univers, on les a séparées et comme retranchées de la nature. On leur a enseigné des mots et non des choses, et on leur a mis dans la tête de longues nomenclatures d’histoire, de géographie et de zoologie qui n’ont par elles-mêmes aucune signification. Ces innocentes créatures ont porté leur faix et plus que leur faix de ces programmes iniques que l’orgueil démocratique et le patriotisme bourgeois élevèrent comme les Babels de la cuistrerie.

On était parti de l’idée absurde qu’un peuple est savant quand tout le monde y sait les mêmes choses, comme si la