Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/285

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deux mondes sont l’un dans l’autre, c’est leur affaire et non la mienne. Il me suffit de connaître que l’un est sensible et que l’autre ne l’est pas ; que le sensible n’est pas intelligible et que l’intelligible n’est pas sensible. Dès lors, le mot et la chose ne peuvent s’appliquer l’un à l’autre, n’étant pas dans le même lieu ; ils ne sauraient se connaître l’un l’autre, puisqu’ils ne sont pas dans le même monde. Métaphysiquement, ou le mot est toute la chose, ou il ne sait rien de la chose.

Pour qu’il en fût autrement il faudrait qu’il y eût des mots absolument abstraits de tout sensualisme ; et il n’y en a pas. Les mots qu’on dit abstraits ne le sont que par destination. Ils jouent le rôle de