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LE JARDIN D'ÉPICURE

tomber de ses mains, le monde en serait anéanti sur le coup et l’univers se dissiperait aussitôt comme une ombre. La vérité divine, ainsi qu’un jugement dernier, le réduirait en poudre.

Au vrai jaloux, tout porte ombrage, tout est sujet d’inquiétude. Une femme le trahit déjà seulement parce qu’elle vit et qu’elle respire. Il redoute ces travaux de la vie intérieure, ces mouvements divers de la chair et de l’âme qui font de cette femme une créature distincte de lui-même, indépendante, instinctive, douteuse et parfois inconcevable. Il souffre de ce qu’elle fleurit d’elle-même comme