Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/55

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souci que de poésie et d’amour. Et comme il voulait montrer, pour le plaisir des citadins, un amour sensuel et gracieux, il mit cet amour dans les champs où ses lecteurs n’allaient point, car c’étaient de vieux Byzantins blanchis au fond de leur palais, au milieu de féroces mosaïques ou derrière le comptoir sur lequel ils avaient amassé de grandes richesses. Afin d’égayer ces vieillards mornes, le conteur leur montra deux beaux enfants. Et pour qu’on ne confondit point son Daphnis et sa Chloé avec les petits polissons et les fillettes vicieuses qui foisonnent sur le pavé des grandes villes, il prit soin de dire : « Ceux dont je vous parle vivaient autrefois à Lesbos, et leur histoire fut peinte dans un bois