Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/98

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me fait assez pressentir la monotonie rigoureuse des états d’âme et de chair qui se produisent dans son inconcevable étendue et je crains raisonnablement que tous les êtres pensants ne soient aussi misérables dans le monde de Sirius et dans le système d’Altaïr qu’ils le sont, à notre connaissance, sur la terre. — Mais, dites-vous, tout cela n’est pas l’univers. — J’en ai bien aussi quelque soupçon, et je sens que ces immensités ne sont rien et qu’enfin, s’il y a quelque chose, ce quelque chose n’est pas ce que nous voyons.

Je sens que nous sommes dans une fantasmagorie et que notre vue de l’univers est purement l’effet du cauchemar de ce mauvais sommeil qui est la