candeur effrontée et cette visible simplicité d’âme qui donne au vice une inaltérable innocence. C’était bien là, pour l’âme et l’expression, le Guignol guignolant que le bonhomme Mourguet, de Lyon, anima avec tant de fantaisie. Je croyais l’entendre répondre à son propriétaire, M. Canezou, qui lui reproche de « faire des contes à dormir debout » :
— Vous avez bien raison : allons nous coucher.
Notre Guignol n’avait encore rien dit ; sa petite queue frétillait sur sa nuque. On riait déjà.
Gringalet, son fils, vint le rejoindre et lui donna un grand coup de tête dans le ventre avec une grâce naturelle. Le public ne s’en fâcha point ; au contraire il éclata de rire. Un tel début est le comble de l’art. Et, si vous ne savez point pourquoi cette audace réussit, je vais vous le dire : Guignol est valet et porte la livrée. Gringalet, son fils, porte la blouse ; il ne sert personne et ne sert à rien. Cette supériorité lui permet de malmener son père sans manquer aux convenances.
C’est ce que Mademoiselle Suzanne comprit