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Page:Anatole France - Le Livre de mon ami.djvu/302

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rable antiquité du conte et le fait remonter jusqu’aux tribus patriarcales de l’Ariadne. L’inceste était considéré sans horreur dans ces innocentes familles de pâtres chez qui le père se nommait « celui qui protège », le frère « celui qui aide », la sœur « celle qui console », la fille « celle qui trait les vaches », le mari « le fort », et l’épouse « la forte ». Ces bouviers du pays du soleil n’avaient point inventé la pudeur. Parmi eux, la femme, étant sans mystère, était sans danger. La volonté du patriarche était la seule loi qui permettait ou non au mari d’emmener une épouse dans le chariot attelé de deux bœufs blancs. Si, par la force des choses, l’union du père et de la fille était rare, cette union n’était pas réprouvée. Le père de Peau d’Âne ne fit point scandale. Le scandale est propre aux sociétés polies, et c’est même une de leurs distractions les plus chères.

octave

Je vous laisse dire. Mais je suis bien sûr que vos explications ne valent rien. La morale est innée dans l’homme.