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Page:Anatole France - Le Livre de mon ami.djvu/306

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proche de chaque maison », et chacun se réjouit dans son cœur. C’est elle, c’est la fille de Dyaus, la divine bouvière, qui conduit, chaque matin, au pâturage les vaches célestes, dont les lourdes mamelles laissent s’égoutter sur la terre aride une rosée fraîche et féconde.

Comme on a chanté sa venue, on chantera sa fuite, et l’hymne va célébrer la victoire du soleil :

« Voici encore une forte et mâle action que tu as accomplie, ô Indra ! Tu frappes la fille de Dyaus, une femme qu’il est difficile de vaincre. Oui, la fille de Dyaus, la glorieuse, l’Aurore, toi, Indra, grand héros, tu l’as mise en pièces.

» L’Aurore se précipita à bas de son char brisé, craignant qu’Indra, le taureau, ne la frappât.

» Son char gisait là, brisé en morceaux ; quant à elle, elle s’enfuit bien loin. »

L’Indou primitif se faisait de l’aurore une image changeante, mais toujours vive, et les reflets affaiblis et altérés de cette image sont encore visibles dans les contes dont nous venons de parler, comme aussi dans Le Petit