Page:Anatole France - Le Livre de mon ami.djvu/97

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Elle saisit à brassée tous les papiers et les jeta sous le canapé, dont la housse traînait jusqu’à terre. Et, comme ils débordaient, elle les repoussa du pied sous le meuble. Une corne de lettre passait encore comme le bout de l’oreille d’un petit chat blanc, quand un délégué du Comité de sûreté générale entra dans la chambre avec six hommes de la section, armés de fusils, de sabres et de piques. Madame Danger se tenait debout devant le canapé. Elle songeait que la certitude de sa perte n’était pas tout à fait entière, qu’il lui restait une petite chance sur mille et mille, et ce qui allait se passer l’intéressait extrêmement.

— Citoyenne, lui dit le président de la section, tu es dénoncée comme entretenant une correspondance avec les ennemis de la République. Nous venons saisir tous tes papiers.

L’homme du Comité de sûreté générale s’assit sur le canapé pour écrire le procès-verbal de la saisie.

Alors ces gens fouillèrent tous les meubles, crochetèrent les serrures et vidèrent les tiroirs. N’y trouvant rien, ils défoncèrent les placards, culbutèrent les commodes, retournèrent les