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Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/146

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comtesse Martin avec une joie à peine contenue :

— Avant de quitter Paris, je suis allé vous voir quai de Billy, où l’on m’a appris que vous étiez allée attendre le printemps à Fiesole, chez miss Bell. J’ai eu alors l’espoir de vous retrouver dans ce pays, que j’aime plus que jamais.

Elle lui demanda s’il avait passé d’abord à Venise, s’il avait revu, à Ravenne, les impératrices nimbées, les fantômes étincelants.

Non, il ne s’était arrêté nulle part.

Elle ne dit rien. Son regard restait fixé à l’angle du mur sur la cloche de Saint-Paulin.

Il lui dit :

— Vous regardez la nolette.

Vivian Bell jeta ses papiers et ses crayons.

— Vous verrez bientôt une merveille qui vous touchera davantage, monsieur Dechartre. J’ai mis la main sur la reine des petites cloches. Je l’ai trouvée à Rimini, dans un pressoir en ruine, qui sert aujourd’hui de magasin, où j’étais allée chercher de ces vieux bois pénétrés par l’huile, et qui sont devenus si durs, si sombres et si brillants. Je l’ai achetée, et l’ai fait emballer moi-même. Je l’attends, je ne vis plus. Vous verrez. Elle porte sur la panse un Christ en croix, entre la Vierge et saint Jean, avec la date de 1400 et les armes des Malatesta… Monsieur Dechartre, vous n’écoutez pas