Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/244

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projets. C’est bien naturel. J’aurais pu devenir un obstacle. Il vaut mieux que je disparaisse de votre vie. Nous garderons un bon souvenir l’un de l’autre.

Elle lui tendit sa main gantée. Il croisa les bras :

— Alors, tu ne veux plus de moi ? Tu crois que tu m’auras rendu heureux comme pas un homme ne l’a été, et puis mis de côté, et que c’est fini comme cela ! Vraiment, tu crois que tu en as fini avec moi !… Qu’est-ce que vous venez me dire ? Une liaison, cela se dénoue. On se prend, on se quitte… Eh bien, non ! vous n’êtes pas une personne qu’on quitte, vous.

— Oui, vous aviez peut-être mis en moi plus qu’on ne met d’ordinaire en pareil cas. J’étais pour vous plus qu’un amusement. Mais, si je ne suis pas la femme que vous croyiez, si je vous ai trompé, si je suis légère… Vous savez : on l’a dit… Eh bien ! si je n’ai pas été avec vous ce que je devais être…

Elle hésita, et reprit d’un ton grave et pur qui contrastait avec ses paroles :

— Si, pendant que je vous appartenais, j’ai eu des entraînements, des curiosités, si je vous dis que je ne suis pas faite pour un sentiment sérieux…

Il l’interrompit :