Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/289

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pour la légèreté. Puis, d’une voix lente et monotone, il récita le cantique :


Je vous louerai, mon Dieu, d’avoir fait aimable et clair
Ce monde où vous voulez que nous attendions de vivre.
Vous l’avez semé d’or, d’émeraude et d’outremer,
Comme un peintre qui met des peintures dans un livre.

Je vous louerai d’avoir créé le seigneur Soleil,
Qui luit à tout le monde, et de l’avoir voulu faire
Aussi beau qu’il est bon, très digne de vous, vermeil,
Splendide et rayonnant, en forme exacte de sphère.

Je vous louerai, mon Dieu, pour notre frère le Vent,
Pour notre sœur la Lune et pour nos sœurs les Étoiles,
Et d’avoir au ciel bleu mis le nuage mouvant
Et tendu les vapeurs du matin comme des toiles.

Je vous louerai, Seigneur, je vous bénirai, mon Dieu,
Pour le brin de l’hysope et la cime de l’yeuse,
Pour mon frère terrible et plein de bonté, le Feu,
Et pour l’eau, notre sœur humble, chaste et précieuse.

Pour la terre qui, forte, à son sein vêtu de fleurs,
Nourrit la mère avec l’enfant riant dans les langes,
Et l’homme qui vous aime, et le pauvre dont les pleurs,
Au sortir de ses yeux, vous sont portés par les anges ;

Pour notre sœur la Vie et pour notre sœur la Mort,
Je vous louerai, Seigneur, d’ores à mon ultime heure,
Afin d’être en mourant le nourrisson qui s’endort
Dans la belle vesprée et pour une aube meilleure.

— Oh ! monsieur Choulette, dit miss Bell, ce cantique monte vers le ciel comme l’ermite