Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/177

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eurent pénétré dans Paris par la porte démontée du Point-du-Jour, tandis que la fusillade se rapprochait des Tuileries, Georges Frémont vit avec inquiétude les gardes nationaux fédérés rouler des tonneaux de pétrole dans la galerie d’Apollon. Il les dissuada à grand’peine de badigeonner les boiseries pour les faire flamber, leur donna à boire et les congédia. Après leur départ, assisté des gardiens bonapartistes, il fit dégringoler les tonnes incendiaires au pied des escaliers et les poussa jusqu’à la berge de la Seine. Le colonel des fédérés en fut avisé et, soupçonnant Frémont de trahir la cause du peuple, il donna ordre de le fusiller. Mais les Versaillais approchaient, et, dans la fumée des Tuileries incendiées, Frémont s’enfuit fraternellement avec son peloton d’exécution. Dénoncé le surlendemain aux Versaillais, il fut recherché par la justice militaire comme ayant participé à une insurrection contre le gouvernement régu-