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Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/183

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du père Mulot, que tu vois d’ici, derrière l’orangerie. Il est gondolé, lézardé, il penche. Depuis trente ans, cet imbécile de Quatrebarbe, l’architecte diocésain, s’arrête devant la maison Mulot et, le nez en l’air, les mains derrière le dos, les jambes écartées, il dit : « Je ne sais pas comment ça tient ! » Les petits polissons qui sortent de l’école crient derrière lui, en imitant sa voix enrouée : « Je ne sais pas comment ça tient ! » Il se retourne, ne voit personne, regarde les pavés, comme si l’écho de sa voix était sorti de terre, puis il s’en va en répétant : « Je ne sais vraiment pas comment ça tient ! » Ça tient parce qu’on n’y touche pas, parce que le père Mulot ne fait venir ni maçons ni architectes et surtout qu’il se garde bien de demander conseil à monsieur Quatrebarbe. Ça tient parce que ça a tenu jusqu’ici. Ça tient, vieil utopiste, parce qu’on ne réforme pas l’impôt et qu’on ne revise pas la Constitution.