Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sait ce qu’étaient ces armées, ramas de racoleurs et de racolés, chiourme de terre, divisée en lots qu’achetaient de jeunes nobles, parfois des enfants. On maintenait l’obéissance de ces troupes par de perpétuelles menaces de mort. Tout est changé ; les militaires de la monarchie et des deux Empires ont fait place à une énorme et placide garde nationale. Il n’y a plus à craindre ni mutineries ni violences. Pourtant la mort à tout propos menace ces doux troupeaux de paysans et d’artisans, mal habillés en soldats. Le contraste de ces mœurs bénignes et de ces lois féroces est presque risible. Et, si l’on y réfléchissait, on trouverait qu’il est aussi grotesque qu’odieux de punir de mort les attentats dont on aurait facilement raison par le léger appareil des peines de simple police.

— Mais, dit M. de Terremondre, les soldats d’aujourd’hui ont des armes comme les soldats d’autrefois. Et il faut bien que des