Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/222

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taisent dans les arbres, et dont il avait plus d’une fois partagé le repos avec M. l’abbé Lantaigne, sous le bel orme qui entendait leurs graves entretiens, il vit qu’une main inhabile avait fraîchement tracé à la craie quelques mots sur le dossier vert. Il fut saisi d’inquiétude, craignant de lire son nom, familier désormais aux polissons de la ville. Mais il se rassura bientôt. C’était une inscription érotique et commémorative par laquelle Narcisse énonçait dans une forme concise et simple, mais grossière et malséante, les plaisirs goûtés par lui-même sur ce banc, sans doute à la faveur de la nuit indulgente, dans les bras d’Ernestine.

M. Bergeret, qui déjà s’apprêtait à gagner la place accoutumée où il avait répandu tant de pensées nobles et riantes, et tant de fois fait venir à son appel les grâces décentes, estima qu’il ne convenait pas à un honnête homme de siéger en public tout contre ce monument obscène, consacré à la