Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/234

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Bourbon et s’était retiré au Luxembourg, dans ce grand conseil des communes de France où l’on appréciait sa sagesse et son dévouement à la République. Il y était puissant et caché. Il ne parlait qu’au sein des commissions. Mais là il déployait encore ses brillantes facultés justement appréciées depuis longtemps par les princes de la finance cosmopolite. Il demeurait le défenseur courageux de ce système fiscal, inauguré par la Révolution et fondé, comme on sait, sur la justice et la liberté. Il soutenait le capital avec cette émotion si touchante chez les vieux lutteurs. Les ralliés eux-mêmes vénéraient en Laprat-Teulet une âme apaisée et vraiment conservatrice, un génie tutélaire de la propriété individuelle.

« Il a des sentiments honnêtes, disait M. de Terremondre. Et c’est dommage qu’il porte aujourd’hui le poids d’un passé difficile. » Mais Laprat-Teulet avait des ennemis acharnés à sa perte. « J’ai mérité ces haines,