Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/24

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comme selon les lieux. Je n’ignore pas que le vers français a subi, dans le cours des âges, d’incessantes modifications et je puis, caché derrière mes cahiers de métrique, sourire discrètement du préjugé religieux des poètes, qui ne veulent point qu’on touche à l’instrument consacré par leur génie. Je remarque qu’ils ne donnent point la raison des règles qu’ils suivent, et j’incline à croire que cette raison ne saurait être cherchée dans le vers lui-même, mais plutôt dans le chant qui l’accompagnait primitivement. Enfin, je suis propre à concevoir les nouveautés pour cela même que je me laisse conduire par l’esprit scientifique qui, de nature, est moins conservateur que l’esprit artiste. Pourtant, je conçois mal le vers libre, dont la définition m’échappe. L’incertitude de ses limites me trouble et…

Un homme jeune encore, gracieux, aux fins traits de bronze, entra alors dans le cabinet du maître de conférences. C’était le