Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/261

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marécages sur lesquels le vent courbait les roseaux, il y a mille ou quinze cents ans à peine.

Madame Worms-Clavelin regarda par la portière : elle était près d’arriver. Devant elle, la pointe fine des peupliers qui longent le fleuve se levait au bout de l’avenue. La vie recommençait diverse et pressée. Les hauts murs, les toits à crête découpée se suivaient sans interruption. Le fiacre s’arrêta devant une grande maison moderne, construite avec une parcimonie visible et même avec lésine, au mépris de la grâce et de l’art, et pourtant décente et d’assez bon air, percée de fenêtres étroites, parmi lesquelles celles d’une chapelle se reconnaissaient au réseau de plomb qui reliait les pièces du vitrail. Sur cette façade plate et sans ornements, les traditions de l’art national et chrétien étaient rappelées très discrètement à la charpente du toit par les lucarnes en triangle surmontées d’un trèfle. Au