Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/280

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devez savoir que votre Dieu montrait jadis, aux âges bibliques, un goût assez vif pour les sacrifices humains et que l’odeur du sang lui était agréable. Il se réjouissait des massacres et jubilait dans les exterminations. Tel était son caractère, monsieur de Terremondre. Il était sanguinaire comme M. de Gromance qui, tout le long de l’an, tire, selon la saison, les chevreuils, les perdrix, les lapins, les cailles, les canards sauvages, les faisans, les coqs de bruyère et les coucous. Il immolait les innocents et les coupables, les guerriers et les vierges, plume et poil. Il paraît bien qu’il goûta avec plaisir à la fille de Jephté.

— Détrompez-vous, dit M. de Terremondre. Elle lui fut consacrée. Mais ce ne fut pas un sacrifice sanglant.

— On vous le persuade, dit M. Bergeret, par égard pour votre sensibilité. Mais réellement elle fut égorgée. Jéhovah se montrait surtout friand de chair fraîche. Le petit