Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/31

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l’abondance du métal qui y est employé, les exalte, enfin, par les seules images de puissance, de grandeur et de gloire qu’ils soient capables de se représenter. Ils s’y ruent en chantant ; sinon, ils y sont mis de force. Aussi ne vois-je pas la fin de cet état honorable qui appauvrit et abêtit l’Europe.

— Il y a deux portes pour en sortir, répondit le commandeur Aspertini : la guerre et la banqueroute.

— La guerre ! répliqua M. Bergeret. Il est visible que les grands armements la retardent en la rendant trop effrayante et d’un succès incertain pour l’un et l’autre adversaire. Quant à la banqueroute, je la prédisais, l’autre jour, sur un banc du Mail, à monsieur l’abbé Lantaigne, supérieur de notre grand séminaire. Mais il ne faut pas m’en croire. Vous avez trop étudié l’histoire du Bas-Empire, cher monsieur Aspertini, pour ne pas savoir qu’il y a, dans les finances des peuples, des ressources mysté-