Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/33

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d’un bonheur prochain. « Car, dit-il, la fortune étant changeante, nos maux ont déjà trop duré pour ne pas bientôt faire place à la félicité. » La seule loi du changement…

Le reste de ces heureux propos se perdit dans l’explosion d’une bouillotte d’eau, suivie de cris inhumains, poussés par Euphémie, fuyant épouvantée ses fourneaux.

Alors M. Bergeret, attristé par l’inélégance de sa vie étroite, rêva de quelque villa où, sur une blanche terrasse, au bord d’un lac bleu, il mènerait de paisibles entretiens avec le commandeur Aspertini et M. Roux, dans le parfum des myrtes, à l’heure où la lune amoureuse vient se tremper dans un ciel pur comme le regard des dieux bons, et doux comme l’haleine des déesses.

Mais sortant bientôt de ce songe, il reprit sa part dans l’entretien commencé.

— La guerre, dit-il, a des conséquences infinies. J’apprends, par une lettre de mon