Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/347

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lissait de son nom, de sa grammaire et de la goutte, qu’il avait forte. Son attitude exprimait la dignité d’un Pouilly. Et son portrait semblait dire à sa fille : « Mon enfant, j’ignore, je veux ignorer tout ce qui dans ta conduite peut n’être pas suffisamment régulier. Sache que tous tes maux viennent d’avoir épousé un homme inférieur à toi. Je me flattai vainement de l’élever jusqu’à nous. Ce Bergeret est un homme sans éducation. Ta faute capitale, source de tes misères présentes, est ton mariage, ma fille. » Et madame Bergeret entendait ce discours. La sagesse et la bonté paternelles, dont il était empreint, soutenaient un peu son courage défaillant. Pourtant elle cédait insensiblement aux destins. Elle cessait ses visites accusatrices dans le monde, dont elle avait lassé la curiosité par la monotonie de ses plaintes. On commençait à croire, même chez le recteur, que les récits qu’on faisait d’elle et de M. Roux,