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Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/50

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et reprit sa tâche commencée, qui était de raccommoder sa culotte. M. Le Génil, prédicateur estimé dans les diocèses de Paris et de Versailles, faisait du ravaudage pour épargner de la peine à sa vieille servante et par un goût de manier l’aiguille, qu’il avait contracté dans les dures années de sa jeunesse ecclésiastique. Et ce colosse aux poumons d’airain, qui du haut d’une chaire foudroyait les incrédules, sur une chaise de paille, de ses grosses mains rouges tirait l’aiguille. Au milieu de son travail il leva la tête et tournant sur Guitrel le regard farouche de ses bons gros yeux :

— Nous ferons ce soir une partie de cartes, vieux tricheur !

Mais Guitrel, timide et têtu, balbutia qu’il était obligé de sortir après le dîner. Guitrel avait des projets. Il fit presser les apprêts du repas, mangea très vite, au mécontentement de son hôte, grand mangeur et grand parleur. Il se leva de table sans attendre le