Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/54

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avec de si grands soupirs que son voisin regarda s’il n’était pas incommodé. Et M. l’abbé Guitrel roulait dans sa tête des pensers d’évêque, dans le murmure des conversations frivoles, le bruit des portes et le mouvement des ouvreuses.

Mais quand, les trois coups frappés, la toile se leva lentement, il fut tout entier au spectacle. C’est la diction et le geste des acteurs qui l’occupaient. Il étudiait leurs intonations, leur démarche, le jeu de leur physionomie avec l’application intéressée d’un vieux sermonnaire curieux de surprendre le secret des mouvements nobles et des accents pathétiques. Lorsque se développaient les longues tirades, il redoublait d’attention, regrettant seulement de ne point entendre du Corneille, plus abondant en harangues, plus fécond en effets oratoires et qui marque mieux les divers points d’un discours.

Au moment où l’acteur qui représentait