Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/56

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ployé de commerce, son voisin de banquette, qui lui vanta les beaux bras célèbres de la tragédienne, il répondit par l’expression d’un dédain qui n’était point hypocrite.

Pourtant sa curiosité se soutint jusqu’à la fin de la tragédie et il se promit de transporter les fureurs d’Oreste, telles qu’elles lui étaient détaillées par un habile interprète, dans quelque sermon sur les tourments de l’impie ou sur la fin misérable du pécheur. Et il s’appliqua, pendant l’entr’acte, à corriger mentalement, d’après ce qu’il venait d’entendre, un certain accent provincial qui gâtait sa diction. « La voix d’un évêque de Tourcoing, pensait-il, ne doit pas sentir en aigreur le petit vin de nos coteaux du Centre. »

La pièce de Molière, qui terminait le spectacle, le divertit extrêmement. Inhabile lui-même à découvrir les ridicules, il était content qu’on les lui montrât. Il était particulièrement heureux de saisir les humilia-