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Notre-Dame de Lourdes sous le nom de la « Vierge guerrière » et s’écria d’une voix martiale : « À la bataille sous le labarum du Sacré-Cœur ! Un labarum n’est pas un signe de paix, mais un signe de guerre[1]. »

Ce discours fut imprimé sous le titre de Glaive électoral et répandu à des milliers d’exemplaires. Mais pourquoi parler de Lourdes et du père Coubé ? Dans tous les diocèses, les religieux prononcèrent des sermons politiques avec l’approbation des évêques concordataires. Et nous penserons comme M. Léon Chaine, catholique sage et solitaire, que de tels discours ont beaucoup aidé M. Waldeck-Rousseau à obtenir du Sénat le vote de la loi des associations.

Les élections de mai 1902 se firent sur cette loi. Il n’y eut, autant dire, que deux partis : les ministériels et les gens d’Église, qui furent abondants en intrigues et excellèrent dans la calomnie. Le ministère fut appelé ministère de l’étranger et ministère Dreyfus, ce qui voulait dire ministère de la trahison. Car l’erreur judiciaire de 1894 constituait le dogme fondamental des Noirs.

Dans la nouvelle Chambre, assez différente

  1. Voir annexe IV.