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XIII

CATHERINE ET MARIANNE


La mer, quand je la vis pour la première fois, ne me parut vaste que par la tristesse immense que je sentis à la regarder et à la respirer. C’était la mer sauvage. Nous étions allés passer un mois d’été dans un petit village breton. Un aspect de la côte s’est gravé à l’eau-forte dans ma mémoire, l’aspect d’une rangée d’arbres flagellés par le vent du large et tendant, sous le ciel bas, vers la terre plate et nue, leur tronc courbé et leurs maigres rameaux. Ce spectacle me mordit au cœur ; il reste en moi comme le symbole d’une incomparable infortune.

Les rumeurs et les odeurs marines me trou-