Aller au contenu

Page:Anatole France - Le Petit Pierre.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Quand l’éducation n’y est pas !… ajouta, en secouant la tête, la vieille Mélanie, bonne créature, mais qui, humble et petite, se montrait sévère aux humbles et aux petits.

On dîna dans le salon, la salle à manger étant impraticable.

— Pierre, me dit mon père, quand j’eus pris mon potage, comment n’as-tu pas pensé que ta disparition prolongée jetterait ta mère dans une mortelle inquiétude ?

J’essuyai encore quelques reproches, mais visiblement c’était sur Simon de Nantua que tombait la réprobation.

Ma mère m’interrogeait touchant mes escalades, et paraissait troublée encore des dangers que j’avais courus.

Je l’assurai que je n’avais couru aucun danger. Je cherchais à la tranquilliser, mais en même temps, je voulais montrer ma force et mon courage, et, tout en lui répétant que je m’étais tenu loin de tout péril, je me dépeignais montant à des échelles suspendues dans le vide, escaladant des murailles, grimpant sur des toits aigus, courant dans des gouttières. En m’écoutant, elle laissa paraître tout d’abord un