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Page:Anatole France - Le Petit Pierre.djvu/294

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— Mademoiselle Mérelle, ajouta ma mère, m’a avertie aujourd’hui que tu avais fait des progrès suffisants et que tu pourrais entrer au collège à la rentrée.

Chose étrange ! j’entendis cette nouvelle sans étonnement, sans désespoir, presque sans regret ; elle ne me surprenait pas. Il me semblait au contraire naturel que l’apparition s’évanouît. C’est ainsi du moins que je m’explique cette tranquillité d’âme où je demeurai. Mademoiselle Mérelle était déjà si lointaine quand elle était près de moi, que je pouvais supporter l’idée de son éloignement. Et puis on n’a pas à huit ans une grande faculté de souffrir et de regretter.

— Grâce aux leçons de ton institutrice, poursuivit ma mère, tu sais assez de grammaire française pour être mis tout de suite au latin. Je suis bien reconnaissante à cette charmante demoiselle de t’avoir appris les règles des participes ; c’est ce qu’il y a de plus embarrassant dans notre langue, et je n’ai jamais pu, malheureusement, surmonter cette difficulté faute d’avoir été bien commencée.

Ma chère maman s’abusait : non ! mademoiselle Mérelle ne m’apprit pas la règle des par-