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Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/117

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Le maître qui, dans l’ardeur du travail, avait à peine remarqué leur absence, leur dit tout joyeux :

— Voyez que ces poissons brillent de diverses couleurs et particulièrement d’or, de pourpre et d’azur, comme il convient à la race des monstres qui peuplent l’océan et les fleuves, et dont l’éclat n’est si merveilleux que parce qu’ils furent soumis les premiers à l’empire de la déesse Vénus, ainsi qu’il est expliqué dans la fable.

Le maître discourait en cette manière pleine de gentillesse et de bonne doctrine. Car il était un homme de savoir et d’esprit, bien que d’humeur noire et très âcre, surtout quand sa pensée se tendait vers le gain. Et il disait encore :

— N’est-ce pas un bel état et bien digne de louanges que celui de peintre, par lequel on acquiert des richesses en ce monde et la félicité dans l’autre ? Car il est certain que Notre-Seigneur Jésus-Christ recevra avec reconnaissance, dans son saint paradis, les ouvriers qui, comme moi, firent son portrait véritable.