Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/119

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exauçait son vœu et l’attirait au ciel. Il eut grand’peur et se mit à crier d’une voix tremblante :

— Arrêtez, arrêtez, Madame ! Je n’ai pas demandé que ce fût tout de suite.

Et comme, par l’effet de la corde qui glissait sur la poulie, le lit, montait encore, le vieillard se mit à supplier la Vierge Marie très lamentablement :

— Bonne dame, ne tirez point ainsi ! Holà ! Lâchez, lâchez, vous dis-je !

Mais elle ne semblait point l’ouir. De quoi il se fâcha très fort et cria :

— Il faut que vous soyez sourde ou plutôt que vous ayez une tête de bois. Lâchez, Sporca Madonna !…

Voyant qu’il quittait tout de bon le plancher de la chambre, sa frayeur s’accrut, et, s’adressant à Jésus, il le supplia de faire entendre raison à sa sainte Mère. Il n’était que temps, disait-il, qu’elle renonçât à cette malencontreuse assomption. Pécheur, fils de pécheur qu’il était, il ne pouvait monter au ciel avant d’avoir parfait le fleuve Jourdain, ses flots et ses poissons, et le reste de l’histoire