Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/136

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gnie ; si je le rattrapa, je lui jetterai ce pavé au derrière ! » Et il adressa le pavé précisément où il venait de dire, sans que Calendrin eut sujet de se plaindre, puisqu’il était invisible. Ce Calendrin n’avait point d’esprit, et Buffalmacco abusa de sa simplicité jusqu’à lui faire croire qu’il était gros d’un enfant, et il en coûta à Calendrin, pour sa délivrance, une paire de chapons.

Buffalmacco vit ensuite le paysan pour qui il avait peint la Sainte-Vierge avec l’enfant Jésus, qu’il métamorphosa en ourson.

Il vit encore l’abbesse des religieuses de Faenza qui l’avait chargé d’orner de peintures les murailles de l’église conventuelle et à qui il jura sa foi qu’il fallait mettre de bon vin dans les couleurs, si l’on voulait que la chair des personnages parût bien fleurie. L’abbesse lui donna pour tous les saints et les saintes de ses tableaux le vin réservé aux évêques, et il le but, s’en tenant au vermillon pour aviver le ton des chairs. C’est cette même dame abbesse à qui il fit croire qu’un broc couvert d’un manteau est un maître peintre, ainsi qu’il a été rapporté ci-dessus.