Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/158

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sentiment était contraire à son état. Car la joie est la part des pauvres.

Il résolut de porter son inquiétude au général de l’Ordre, afin de s’en délivrer comme d’un fardeau inique. Or, Giovanni di Fidanza était alors général de l’Ordre.

Dans les langes, il avait reçu de saint François le nom de Bonaventure. Il avait étudié la théologie à l’Université de Paris. Et il excellait dans la science de l’amour, qui est la science de Dieu. Il connaissait les quatre degrés qui élèvent la créature au Créateur, et il méditait le mystère des six ailes des chérubins. C’est pourquoi il était nommé le docteur séraphique.

Et il savait que la science est vaine sans l’amour. Fra Giovani l’alla trouver tandis qu’il se promenait dans le jardin, sur la terrasse qui domine la ville.

Ce jour était un dimanche. Et les artisans de la ville et les paysans qui travaillent aux vignes gravissaient, au pied de la terrasse, la rue montueuse qui conduit à l’Église.

Et fra Giovanni, voyant frère Bonaventure dans le jardin, au milieu des lys, s’approcha de lui et dit :