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Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/162

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plaine. Cependant il avait faim et soif ; et il se délectait dans la soif et la faim.

Au bout d’un chemin, il vit un bois de lauriers. C’était la coutume des frères mendiants d’aller prier dans les bois, parmi les pauvres animaux à qui les hommes cruels font la chasse. C’est pourquoi fra Giovanni entra dans le bois et chemina sur le bord d’un ruisseau clair et chantant. Et il vit une pierre plate au bord de ce ruisseau.

À ce moment, un jeune homme d’une beauté merveilleuse, vêtu d’une robe blanche, posa un pain sur la pierre et s’en alla.

Et fra Giovanni, s’étant agenouillé, pria, disant :

— Que vous êtes bon, mon Dieu, de faire servir votre pauvre par la main d’un de vos anges ! Ô pauvreté bénie ! Ô très magnifique et très riche pauvreté !

Et il mangea le pain de l’ange et but l’eau de la fontaine. Et il fut fortifié dans son corps et dans son âme. Et une main invisible écrivit sur les murs de la ville : « Malheur aux riches ! »