Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/174

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était couverte de figures brodées et peintes telles qu’aucun artisan au monde n’en aurait pu faire de pareilles.

Il y était représenté lui-même, dans la soie et l’or, sous les apparences d’un saint Georges et d’un saint Sébastien et aussi sous les apparences de la vierge Catherine et de l’impératrice Hélène. La beauté de ces visages répandait le trouble et la tristesse. Et cette chape était d’un artifice merveilleux. Rien d’aussi riche ne se voit dans les trésors des églises.

Ainsi, portant la mitre et la chape, et pareil en majesté à cet Ambroise dont Milan s’honore, Satan cheminait, appuyé sur sa crosse, dans la prairie en fleur.

Et, s’approchant du saint homme, il lui dit :

— La paix soit avec vous !

Mais il ne dit point quelle était cette paix. Et fra Giovanni crut que c’était la paix du Seigneur.

Il songea :

— Cet évêque, qui me donne le salut de paix, fut sans doute en son vivant un saint pontife et un martyr inébranlable dans sa constance. C’est pourquoi Jésus-Christ a changé