Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/18

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qu’il aimait. Mais les Siennois avaricieux et cruels, vrais fils de la Louve dont ils se vantaient d’avoir sucé le lait, ne firent point un bon accueil au saint qui leur conseillait de prendre dans leur maison deux dames parfaitement belles, la Pauvreté et l’Obéissance. Ils l’accablèrent d’outrages et de risées, et le chassèrent de la ville. Il en sortit la nuit par la porte Romaine. Le frère Léon qui marchait à son côté lui dit :

» — Les Siennois ont écrit sur les portes de leur cité : « Sienne vous ouvre son cœur, plus large que ses portes ». Et pourtant, frère François, ces hommes nous ont fermé leur cœur.

» Et François, fils de Bernardone, répondit :

» — La faute en est à moi, n’en doute point, frère Léon, petit agneau de Dieu. Je n’ai pas su frapper à la porte de ces cœurs avec assez de force et d’adresse. Et je suis bien au-dessous de ces hommes qui font danser un ours sur la place de la ville. Car ils attirent une nombreuse assemblée en montrant ce gros animal, et moi, qui montrais des dames d’une beauté céleste, je n’ai attiré personne. Frère Léon, je t’ordonne par la sainte obéissance de me dire :