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Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/180

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Giovanni répondit :

— Seigneur, comme un peintre habile représente sur une étroite tablette de bois une ville entière avec ses maisons, ses tours et ses murailles, de même vous avez peint en peu de mots mon âme et mon visage, avec une merveilleuse exactitude. Et je suis tout à fait ce que vous dites. Mais si je suivais parfaitement la règle établie par saint François, l’ange du Seigneur, et si je pratiquais la pauvreté spirituelle, je serais le lys des champs et j’aurais la part de Marie.

Et Satan l’interrompit et dit :

— Tu prétends aimer les pauvres. Mais tu préfères le riche et ses richesses, et tu adores Celui qui possède et donne des trésors.

Et Giovanni répondit :

— Celui que j’aime possède, non les biens du corps, mais ceux de l’esprit.

Et Satan répliqua :

— Tous les biens sont de chair et se goûtent par la chair. Et cela, Épicure l’a enseigné et Horace le satirique l’a mis dans ses chants.

Ayant écouté ce discours, le saint homme Giovanni soupira :