Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/186

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» Celui qui reçoit, s’il a la charité, est l’égal de celui qui donne. Mais celui qui vend est l’ennemi de celui qui achète, et le vendeur contraint l’acheteur à lui être ennemi. Et en cela est la racine du mal qui empoisonne les villes, comme le venin du serpent est dans sa queue. Et il faut qu’une dame mette le pied sur la queue du serpent. Cette dame est la Pauvreté. Elle a déjà visité dans sa tour le roi Louis de France. Mais elle n’est point entrée chez les Florentins, parce qu’elle est chaste et qu’elle ne veut point mettre le pied dans un mauvais lieu. Or, la boutique du changeur est un mauvais lieu. Les banquiers et les changeurs y commettent le plus grand des péchés. Les prostituées pèchent dans les bouges, mais leur péché est moins grand que celui des banquiers et de quiconque s’enrichit par la banque ou par le négoce.

» En vérité, les banquiers et les changeurs n’entreront point dans le royaume des cieux, ni les boulangers, ni les droguistes, ni ceux qui exercent l’art de la laine dont s’enorgueillit la ville de la Fleur. Parce qu’ils donnent un prix à l’or et qu’ils assignent un cours au