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les antiquités de son pays qui se ranimaient et se rajeunissaient dans sa tête comme dans une internelle et spirituelle Jouvence. De fraîches images s’échappaient abondamment de ses lèvres chenues. Tandis qu’il parlait, la lumière de la lune coulait sur sa barbe en ruisseau d’argent. Le grillon accompagnait du bruissement de ses élytres la voix du conteur, et parfois, aux sons de cette bouche, d’où sortait le plus doux des langages humains, répondait la plainte flûtée du crapaud, qui, de l’autre côté de la route, écoutait, amical et craintif.

Je quittai Sienne vers le milieu de juin. Depuis lors, je n’ai pas revu le R. P. Adone Doni, qui reste dans ma mémoire comme une figure de rêve. J’ai mis par écrit les contes qu’il me fit sur la route de Monte Oliveto. On les trouvera dans le présent livre. J’aurais voulu retenir, en les rédigeant, quelques restes de la grâce qu’ils avaient au Puits de sainte Claire.