Aller au contenu

Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avoir fait tourner sur l’aire du marché des toupies bariolées. Mais les docteurs de Bologne n’ont point deviné les raisons de cette apparence. Or en chacune de ces devises était une part de la Vérité, et de toutes se forme la devise véritable.

— Hélas ! répondit le saint homme, comment la pourrai-je lire ? Mes yeux sont éblouis.

Et la voix reprit :

— Il est vrai qu’on n’y voit que du feu. Cette devise par nuls caractères latins, arabes ou grecs, par nuls signes magiques ne sera jamais exprimée, et il n’est point de main qui puisse la tracer en signes de flamme sur les murs des palais.

» Ami, ne t’obstine pas à lire ce qui n’est pas écrit. Sache seulement que tout ce qu’un homme a pensé ou cru dans sa vie brève est une parcelle de cette infinie Vérité ; et que, de même qu’il entre beaucoup d’ordure dans ce qu’on appelle monde, c’est-à-dire arrangement, ordre, propreté, de même les maximes des méchants et des fous, qui sont le commun des hommes, participent en quelque chose de l’universelle Vérité, laquelle est absolue, per -