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Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/26

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cophages des païens, sinon que le signe de la Croix se voyait tracé trois fois sur les parois de marbre.

Fra Mino resta longtemps prosterné devant l’autel ; mais il lui fut impossible de prier et, dans le milieu de la nuit, il sentit peser sur lui cette torpeur qui avait accablé les disciples de Jésus-Christ au jardin des Oliviers. Et, tandis qu’il demeurait étendu sans courage ni prudence, il vit comme une nuée blanche s’élever au-dessus du tombeau de saint Satyre et bientôt il reconnut que cette nuée était faite d’une multitude de nuées dont chacune était une femme. Elles flottaient dans l’air obscur ; à travers leurs légères tuniques brillaient leurs corps légers. Et Fra Mino vit qu’il se trouvait parmi elles de jeunes hommes à pieds de bouc qui les poursuivaient. Leur nudité laissait paraître l’effroyable ardeur de leurs désirs. Cependant les nymphes fuyaient ; sous leurs pas rapides naissaient des prés fleuris et des ruisseaux. Et chaque fois qu’un capripède étendait la main sur l’une d’elles et la croyait saisir, un saule s’élevait soudain pour cacher la nymphe dans son tronc creux comme une