Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/286

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jour s’étendre à l’ombre dans la cour du palais Venosa, et qui, l’hiver, se chauffait à la cuisine.

Cependant la nourrice, voyant que sa maîtresse ne tenait nul compte de ses avis, courut avertir le duc d’Andria. Ce gentilhomme avait raison de craindre, de son côté, que le secret de ses belles amours ne fût malheureusement découvert. Se voyant suivi la veille au soir par deux ruffians armés d’espingoles, il avait tué l’un d’un conp d’épée. L’autre avait pris la fuite. Le duc d’Andria ne doutait plus maintenant que ces deux bandits ne lui eussent été dépêchés par le prince de Venosa.

— Lucia, dit-il à la nourrice, je dois grandement craindre le danger, quand il menace avec moi madame Maria d’Avalos. Dis lui que, bien qu’il m’en coûte, je ne retournerai pas dans sa chambre avant que les soupçons du prince soient endormis.

La nourrice rapporta le soir même ces paroles à doña Maria qui les entendit avec impatience, en se mordant les lèvres jusqu’au sang.

Avisée de ce que le prince était en ce mo-