Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/294

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âme. Je ne me repens pas. Je ne peux pas, je ne veux pas me repentir. Je l’aime ! Je l’aime ! Laissez-moi mourir dans ses bras.

Brusquement, elle écarta l’épée, se jeta d’un bond sur le corps sanglant du duc d’Andria et le tint embrassé.

En la voyant ainsi, le prince de Venosa perdit la patience qu’il avait jusque-là gardée de ne la tuer qu’après l’avoir fait souffrir. Il lui traversa le corps de sa lame. Elle cria : « Jésus ! » roula sur elle-même, se dressa debout et, après une petite secousse de tous les membres, s’abattit, morte.

Il la frappa plusieurs fois encore au ventre et à la poitrine. Puis il dit aux serviteurs :

— Jetez ces deux charognes au pied de l’escalier d’honneur et ouvrez toute grande la porte du palais, afin qu’on sache la vengeance en même temps que l’affront.

Il ordonna que le cadavre de l’amant fût dépouillé comme l’autre.

Les serviteurs firent ce qui leur était commandé. Et tout le jour les corps du duc d’Andria et de doña Maria demeurèrent nus au bas des degrés. Les passants s’approchèrent pour les