Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/296

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les criminels. À minuit, une veuve pieuse apporta des draps qu’elle étendit sur les corps. Mais, par ordre du prince, ces draps furent aussitôt arrachés.

L’ambassadeur d’Espagne ayant appris l’indigne traitement infligé à une dame de la maison espagnole d’Avalos, vint lui-même prier instamment le prince de Venosa de cesser des outrages qui offensaient la mémoire du duc de Pescaire, oncle de doña Maria, et indignaient dans leur tombeau tant de grands capitaines dont cette dame était issue. Mais il se retira , sans avoir rien obtenu. Il écrivit à ce sujet à Sa Majesté catholique. Les corps restèrent honteusement exposés. Vers la fin de la nuit, comme il ne venait plus de curieux, les valets se retirèrent.

Un moine dominicain, qui s’était tenu tout le jour devant la porte, se glissa dans l’escalier à la lueur fumeuse des torches de résine qui s’éteignaient, rampa jusqu’aux degrés où gisait doña Maria d’Avalos, se jeta sur le cadavre et le viola.