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Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/34

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pensé d’abord envoyer au seigneur évêque la relation de ce qu’il avait vu. Mais, ayant mûrement réfléchi, il se persuada qu’il valait mieux méditer à loisir ces événements extraordinaires et ne les publier qu’après en avoir fait une étude exacte. Il se trouva d’ailleurs que le seigneur évêque, allié aux guelfes de Pise contre les gibelins de Florence, guerroyait à cette heure d’une telle force qu’il n’avait de tout un mois débouclé sa cuirasse. C’est pourquoi, sans parler à personne, Fra Mino fit de profondes recherches sur le tombeau de saint Satyre et sur la chapelle où il était renfermé. Versé dans la connaissance des livres, il feuilleta les anciens et les nouveaux ; mais il n’y trouva aucune lumière. Et les traités de magie, qu’il étudia, ne firent que redoubler son incertitude.

Un matin, comme il avait, à son ordinaire, travaillé toute la nuit, il voulut réjouir son cœur par une promenade dans la campagne. Il prit le sentier montueux qui, cheminant parmi les vignes mariées aux ormeaux, va vers un bois de myrtes et d’oliviers, sacré jadis aux Romains. Les pieds dans l’herbe humide, le front