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Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/51

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ombres qui ne savent point louer Dieu et qui souillent de leurs impudicités la maison du Seigneur ? Réponds, ô vieillard !

Mais le saint capripède, sans répondre, s’évanouit doucement dans l’air.

Assis sur la pierre moussue, au bord de la fontaine, fra Mino méditait le discours qu’il venait d’entendre, et il y trouvait, au milieu de ténèbres épaisses, des clartés merveilleuses.

— Ce saint Satyre, pensait-il, est comparable à la Sibylle qui, dans le temple des faux dieux, annonçait le Sauveur aux nations. La boue des mensonges antiques est encore attachée à la corne de ses pieds, mais son front se lève dans la lumière, et ses lèvres confessent la vérité.

Comme l’ombre des hêtres s’allongeait sur l’herbe du coteau, le moine se leva de dessus sa pierre et descendit l’étroit sentier qui conduisait au couvent des fils de Saint François. Mais il n’osait regarder les fleurs dormant sur les eaux, parce qu’il y trouvait les images des nymphes. Il rentra dans sa cellule à l’heure où les cloches sonnaient l’Ave Maria. Elle était petite et blanche, meublée seulement d’un lit, d’un escabeau et d’un de ces hauts pupitres à