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Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/83

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nique très ample qu’à contempler de telles images. Et les maîtres florentins prenaient soin de peindre, à l’ombre des bois d’orangers, sur l’herbe émaillée de fleurs, des dames et des cavaliers que la Mort guettait avec sa faux, tandis qu’ils devisaient d’amour au son des luths et des violes. Rien n’était plus propre à convertir ces pécheurs charnels qui boivent l’oubli de Dieu sur les lèvres des femmes. Pour l’amendement des avares, le peintre représentait au naturel les diables versant de l’or fondu dans la bouche de l’évêque ou de l’abbesse qui lui avait commandé quelque travail et l’avait mal payé. C’est pourquoi les démons étaient alors ennemis des peintres, et spécialement des peintres de Florence qui l’emportaient sur tous les autres par la subtilité de l’esprit. Ils leur reprochaient surtout de les représenter sous un aspect hideux, avec des têtes d’oiseau ou de poisson, des corps de serpent et des ailes de chauve-souris. Leur ressentiment sera rendu manifeste par l’histoire de Spinello.

Spinello Spinelli, d’Arezzo, était issu d’une noble famille d’exilés florentins. La gentillesse