Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/85

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si tu t’obstines dans tes enduits et tes couleurs, tu y perdras la paix de l’esprit.

Ainsi parlait cette bonne femme. Mais il ne l’écoutait pas. Il ne songeait qu’à accroître son bien et sa renommée. Loin de se reposer, il fit prix avec les fabriciens de Sant’ Agnolo pour une histoire de saint Michel qui devait couvrir tout le chœur de l’église et renfermer une infinité de personnages. Il se jeta dans cette entreprise avec une merveilleuse ardeur. Relisant les endroits de l’Écriture dont il se devait inspirer, il en étudiait profondément chaque ligne et chaque mot. Non content de dessiner tout le jour dans son atelier, il travaillait au lit et à table. Et le soir, en se promenant au pied de la colline où s’élève Arezzo, fière de ses murs et de ses tours, il méditait encore. Et l’on peut dire que l’histoire de l’Archange était toute peinte dans son cerveau quand il commença d’en esquisser les sujets, au crayon rouge, sur l’enduit du mur. Il eut bientôt fait de tracer ces contours ; puis il se mit à peindre au-dessus du maître-autel la scène qui devait paraître avec plus d’éclat que les autres. Car il convenait d’y glorifier le chef des