Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/92

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Il avait acquis de grandes richesses et dépouillé beaucoup de gens. C’est pourquoi il était honoré dans la ville de Florence. Il habitait un palais où la lumière que Dieu créa n’entrait que par des fenêtres étroites ; et c’était prudence, car le logis du riche doit être comme une citadelle, et ceux qui possèdent de grands biens font sagement de défendre par force ce qu’ils ont acquis par ruse.

Donc, le palais de Nicolas Nerli était muni de grilles et de chaînes. Au dedans, les murs étaient peints par d’habiles ouvriers qui y avaient représenté les Vertus sous l’apparence de femmes, les patriarches, les prophètes et les rois d’Israël. Des tapisseries, tendues dans les chambres, offraient aux yeux les histoires d’Alexandre et de Tristan, telles qu’elles sont contées dans les romans. Nicolas Nerli faisait éclater sa richesse, dans la ville, par des fondations pieuses. Il avait élevé hors les murs un hôpital dont la frise, sculptée et peinte, représentait les actions les plus honorables de sa vie ; en reconnaissance des sommes d’argent qu’il avait données pour l’achèvement de Sainte-Marie-Nouvelle, son portrait était suspendu